L'étranger – Albert Camus, accompagné des dessins de Jose Munoz – éditions Futuropolis /Gallimard – 2012.


L'étranger – Albert Camus, accompagné des dessins de Jose Munoz – éditions Futuropolis /Gallimard – 2012.


Chaque parution du dessinateur José Munoz est un événement. L'auteur argentin, Grand prix -au combien mérité- d'Angoulême en 2007, poursuit sa carrière entamée avec son compatriote Carlos Sampayo au milieu des années 70. Depuis, l'auteur a réalisé sans doute une des plus belles séries de l'histoire de la BD : Alack Sinner. Autour de cette série gravitent tout autant de pépites et d'albums complémentaires (Le bar à Joe, Billie Holliday, Carlos Gardel...). Mais l'auteur se fait rare, et rend toute nouvelle parution indispensable au lecteur nourri de son œuvre. Ici, il ne s'agit pas d'une bande dessinée, mais du texte intégral de L'étranger d'Albert Camus, avec des dessins en noir et blanc de José Munoz. Le terme exact employé par Futuropolis/Gallimard est «accompagné des dessins de José Munoz». La phrase ne peut être mieux choisie, tant les dessins de l'auteur se regardent autant que le texte se lit. On peut parcourir l'album juste pour admirer les pleines planches magnifiques où les noirs et blancs s'animent, se confrontent, se déroulent. Munoz n'illustre pas. Son dessin est bien plus fort que cela : il semble s'inventer au fur et à mesure que nous tournons les pages. Non, Munoz ne fait pas de l'illustration. Non, Munoz ne fait pas de l'agrandissement de cases de BD. Munoz sait faire vivre son dessin, au delà de la bande dessinée. Et la mise en page, la qualité du papier, la taille de l'ouvrage, permettent de rendre l'entière mesure du talent de l'immense auteur. Quand au titre du roman, il semble faire écho à un propos de José Munoz contenu dans la préface de Sudor Sudaca (éditions Futuropolis – 1986), faisant référence à sa situation d'exilé argentin : «Nous avons été anglais, italiens, suédois, catalans, suisses, français (…) nous nous sommes dispersés dans des milliers d'identités».


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