Andréas, de son vrai nom Andréas Martens.


Andréas, auteur de BD. Pour ne citer que quelques uns de ses nombreux albums : Rork, Capricorne, Arq, Coutoo, Cromwell Stone, Raffigton Event...

J'ai découvert Andréas avec le numéro 5 de la série Rork. Je devais avoir 15 ans. Cet album était vendu dans des bacs de solde de la FNAC pour le prix de 10 FF parce que sa couverture était abîmée. Ce qui m'a tout d'abord fasciné chez lui, c'est son dessin : les visages des personnages, les décors de ville...je me suis alors tourné vers Cromwell Stone et son graphisme en noir et blanc proprement hallucinant.

A la différence d'autres auteurs, Andréas reste un amoureux de la BD. Jamais dans son travail, on ne ressent l'auteur frustré par son médium, qui souhaiterait sortir des cases, faire des films, des toiles. L'auteur, album après album a synthétisé son trait afin de pousser au plus loin ses recherches narratives. Dans Andréas-Une Monographie, éditions Mosquito, il dit :  « (...)ce vers quoi j'ai envie d'aller dans mon travail(...)vers une sorte de simplification, c'est à dire de trouver des signes qui communiquent l'histoire ».

Se plonger dans l'oeuvre de Andréas, c'est accepter de jouer avec les codes de la Bande Dessinée. L'auteur aime la BD, et son oeuvre ne fait que tourner autour de la question « Qu'est ce que la narration en BD ? »

Pour autant, Andréas fait toujours de la « série », avec des personnages, une histoire, des rebondissements. Il ne produit pas une oeuvre abstraite. Par exemple l'album n°12 de Capricorne, ne possède ni dialogues, ni titre, car le moindre bruit risquerait de provoquer une avalanche dans les paysages couverts de neige. Un jeu abstrait qu' Andréas transforme en véritable enjeu de son histoire. Ni exercice de style, ni gratuité. L'enjeu narratif se double de l'enjeu scénaristique.

Par ses interrogations sur le médium Bande dessinée, l'auteur est pour moi extrêmement proche de la BD dite indépendante des années 90. Mais Andréas s'en démarque, une fois de plus, en faisant de la BD réflexive et romanesque. C'est cette ambivalence qui fait qu'il reste pour moi pas assez reconnu dans le milieu Indépendant, et trop peu lu par les lecteurs de Série du type éditions du Lombard. Dès ses débuts dans le journal TINTIN, fin des années 70, l'auteur était déjà situé dans cet espace.

L'oeuvre d'Andréas est exigeante et nécessite de nombreuses lectures, tant elle fourmille d'informations, et de renvois entre albums. Cependant, il serait faux de s'imaginer que c'est une oeuvre difficile. On peut très bien aimer Andréas sans avoir perçu toutes les clés de son travail. Il m'est moi-même arrivé de lire une nouveauté, de Arq par exemple, et de ne plus me souvenir des tomes précédents de la série. Pour autant, l'inventivité, et la liberté de l'auteur font que la lecture de l'album se révèle tout de même enchanteresse. Puis, on relit l'ensemble de la série afin de se plonger dans ce puzzle scénaristique. Un plaisir en deux temps en quelque sorte.

20 ans après que j'ai découvert ses albums, je continue à guetter toute nouveauté d'Andréas, et reste à chaque fois surpris par leur invention, leur exigence et leur singularité. 

Cet auteur a l'immense qualité de garder son oeuvre éveillée, tout autant que ses lecteurs.
 


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